Les 7 Cabanes by Lionel Astruc

Les 7 Cabanes by Lionel Astruc

Auteur:Lionel Astruc
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Éditions Actes Sud
Publié: 2023-07-28T12:59:29+00:00


Ceux de la vallée

Bricoler sous le soleil ou dans le froid, circuler sur les sentiers qui mènent d’une cabane à l’autre pour rejoindre la cuisine ou les toilettes sèches, s’éloigner du camp pour aller cueillir des châtaignes ou collecter du bois sec, fumer et discuter près du feu, à l’heure où la lumière et la température baissent : Amandine, Étienne, Corinne et Waldo étaient soumis aux intempéries, au même titre que les sangliers, les chevreuils, les lapins et les bergeronnettes qui partageaient ce coin de forêt avec eux. Attentifs à ne pas laisser la météo dicter le rythme de leurs travaux, ils reprenaient chaque matin les tâches laissées la veille, empilant les vestes en hiver ou cherchant une zone ombragée en période de canicule. Seule la pluie rendait toute activité impossible.

Amandine aimait pourtant particulièrement ces journées où le camp se figeait. À l’abri d’un auvent, allongée dans un hamac avec une couverture, elle écoutait grossir l’averse, distinguait chaque ruissellement qui s’amplifiait, sentait l’odeur de la pluie qui montait des feuilles mortes tapissant le sol calcaire où se dessinaient des rigoles. Par quel mystère les gens préféraient-ils le ciel sans nuages ? Le bruit de la pluie sur les feuillages et les bâches des cabanes, la lumière particulière sous la chape du ciel sombre instillaient, à mesure que les minutes passaient et que ses pensées s’effilochaient, un profond apaisement dans chaque partie de son corps. Ce calme complet, cette contemplation imposée et sans partage valaient tout l’or du monde ! Lorsque la situation se prolongeait plusieurs jours, Amandine attrapait l’un après l’autre les livres gondolés par l’humidité qu’elle dévorait sans autre interruption que l’appel de ses amis pour préparer le repas. Puis soudain, le soleil revenait, la terre ressuyait et le travail reprenait sur les chapeaux de roues, comme ces week-ends où toute la bande descendait au marché.

Chaque samedi, l’équipe se levait à 4 heures, se préparait et s’entassait dans la voiture dont le faisceau des phares sillonnait la montagne en direction de Saint-Géry, à trois quarts d’heure de route du col, pour y être à 5 heures 30. Une fois sur place, chacun rejoignait l’un des producteurs locaux qui venaient eux aussi d’arriver : maraîchers, fromagers, boulangers, brasseurs et autres artisans. Dans la demi-obscurité, ils les aidaient à déballer et installer les tréteaux, les cagettes et les barnums. Le coup de main était gratuit et surtout destiné à garder le contact avec “ceux de la vallée”. Le samedi, comme les Arc-en-ciel, les autres habitants des montagnes alentour descendaient pour se retrouver, échanger des nouvelles, se prêter des outils et du matériel agricole, faire appel aux bonnes volontés pour un chantier collectif, inviter chacun à un concert ou un banquet dans une grange.

Mais ce matin, ils se concentraient sur la mise en place, sans perdre de temps, indifférents à la pâleur de l’aube qui pointait comme aux lampadaires qui s’éteignaient. Les quatre aidés par Bernard, Séverine et quelques autres ne ménageaient pas leurs efforts et les commerçants acceptaient bien volontiers le coup de main, se sachant libres de donner ou non quelque chose en échange.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.